Il y a 6 ans de ça (édit 2022 : 12 ans maintenant !), par un beau matin de Juin, j’entrais fièrement dans la pépinière d’entreprise où je venais de trouver le boulot de mes rêves.
J’étais officiellement concepteur de jeux vidéos. J’avais un job. Du haut de mes 23 ans, le monde s’ouvrait à moi.
Après les petits boulots étudiants, la vraie vie professionnelle venait de commencer.
Et alors que je prenais place à mon bureau, la réalité du travail s’est installée elle aussi à mes côtés.
Face à l’écran, 8h par jour à subir les projets selon le bon vouloir des clients. Les deadlines serrées. La créativité bridée.
Je tiens à préciser que mon boulot était quand même cool dans l’ensemble. Que l’équipe et les patrons étaient super sympas. Je peux même dire que j’aimais bien mon job.
Et pourtant, il y avait trois problèmes qui bouffaient ma réalité :
- Je devais aller au boulot 5 JOURS PAR SEMAINE, du matin au soir. Pas le choix. 70% de mon temps de vie était réservé. Peu de chance de diminuer le rythme tant que je serais employé. Est-ce que j’allais faire ça pendant encore 40 ans ?
- Je devais aller AU BOULOT 5 jours par semaine. Pas le choix. Je devais me rendre à un lieu précis, chaque jour, quasiment toute la journée. Est-ce que j’allais y retourner pendant encore 40 ans ?
- Je devais faire ce qu’on me disait. Peu importe que le projet me semble intéressant ou non. Peu importe que je me sente en accord avec le projet. Je devais faire ce qu’on me disait. Point. Est-ce que je voulais qu’on me dise quoi faire pendant les 40 prochaines années ?
Mon excitation fondait au rythme des journées.
Je me sentais de plus en plus comme un automate. Comme un putain de zombie.
Petite note : Alors, là j’introduis une grosse nuance pour éviter l’amalgame, je ne dis pas qu’être employé, c’est être un zombie. C’est pas du tout ça que je pense.
Je dis simplement que MOI j’étais un zombie PARCE QUE je vivais comme ça alors que ce n’était pas en accord avec ma vision de mon existence.
Il m’a fallu deux ans pour prendre la décision d’arrêter.
J’aimerais pouvoir te dire que quitter mon boulot était un moment de gloire. Que je marchais au ralenti avec des lunettes noires alors qu’il y avait des explosions en arrière-plan et que je plissais à peine les yeux comme Clint Eastwood.
En pratique, je ne savais pas du tout où j’allais.
Je savais juste ce que je ne voulais pas. Et j’avais une vague idée de ce que je cherchais.
Je ne voulais pas passer 40 ans de ma vie à aller au même endroit, presque tous les jours, faire la même chose, sans choisir ce que je faisais.
Même si l’école et la société m’avaient bombardé cette image dans le crâne comme une définition du succès.
En pratique, ça ressemblait plutôt à ça :
Une cage. Une grosse cage. Avec une roue qui te donne de l’argent. Pour l’activer, il faut courir dedans. 70% de ton temps.
Avec cet argent, tu peux habiter dans une autre cage et te payer à manger, des loisirs, une télé.
La roue est toujours là, jamais bien loin. Tu t’en échappes seulement quelques jours par mois.
Et elle sera là demain. Pour des dizaines d’années. Ça craint.
Quand tu vois les choses comme ça, il te reste deux choix.
Anesthésier ton cœur, tes ressentis, porter haut ton masque et te dire que ça pourrait être pire, et continuer la course en étouffant tes sentiments.
Ou sortir de là. Peu importe le prix. Ta vie, tu n’en as qu’une et tu ne veux pas la passer ainsi.
Alors, j’ai choisis la deuxième option.
Ce que je voulais, c’était être libre.
Libre de comment utiliser mon temps de vie.
Et quand je dis libre de comment utiliser mon temps de vie, ça ne veut pas dire rien glander.
Je pense que travailler c’est bien. Je pense que travailler, c’est fondamental pour que la société puisse fonctionner. Si personne ne faisait rien, nous n’aurions rien à manger.
Travailler, c’est produire de la valeur pour les autres. De la nourriture, des soins, des produits, des services, de l’éducation.
À mon avis, le principe du travail dans la société est plutôt bon. Le principe de l’argent est plutôt bon. Ce sont les dérives qui font tout déconner.
Alors au lieu de maugréer et chercher des responsables, je pense que c’est plus judicieux de passer à l’action.
Et la plus petite action concrète que j’ai trouvé, c’est de créer de la valeur.
J’ai appelé ça un Easy Business ! Pas parce que c’est facile. Mais parce que la structure est simple et authentique.
Ne pas dépendre d’une entreprise ou d’une multinationale pour me dire ce que je dois créer.
Plante des tomates. Quand elles sont mûres : vends-les. C’est de la valeur. C’est un business. C’est concret. C’est sain.
Les tomates, c’est juste un exemple. Ça marche aussi avec donner des cours de piano ou faire de la comptabilité pour un restau.
Ce qui compte, c’est de le faire de ton propre chef, pas d’attendre qu’on te l’intime.
On nous a inculqué l’assistanat, ne pas prendre de risque, attendre les ordres, rechercher la « sécurité ». Ça marchait il y a 50 ans pendant l’essor économique. À l’époque actuelle, c’est du flan.
Adam Smith et les fondateurs de l’économie moderne ont fondé le système sur le fait que l’humain moyen était un feignant qui devait être motivé par le gain financier.
Je pense que c’est faux. L’humain est créatif, sensible et a un désir intrinsèque d’évoluer.
Ceux qui ont succombé à ce système sont devenus des produits de la société.
Le monde ne peut pas continuer dans cette direction. Il faut se réveiller.
Chacun doit prendre sa responsabilité.
Et même si je n’ai pas toutes les réponses, je propose au moins quelques idées : assumer d’être un humain, assumer d’évoluer dans la société et produire de la valeur sans attendre qu’on nous l’ait demandé.
Et faire tout ça avec un minimum de contrainte, en respectant notre identité.
Travailler quand on veut, d’où on veut et faire ce qu’on veut, du moment qu’on apporte de la valeur aux autres et au monde pour contribuer à la cohésion de la société.
Par faire ce qu’on veux, ça ne veut pas dire forcément des choses agréables. Ça veut dire qu’on est prêt à les faire en échange d’une rétribution adaptée ET définie par soi-même.
Par travailler quand on veut, ça ne veut pas nécessairement dire travailler peu. Ça veut dire qu’on peut choisir la quantité de travail qu’on veut fournir en fonction de la rétribution qu’on souhaite.
Par travailler d’où on veut, ça ne veut pas obligatoirement dire voyager toute l’année. Ça veut aussi dire qu’on a le choix de travailler au même endroit si on décide de faire un travail qui implique une présence localisée.
Cette liberté professionnelle, depuis 2012, c’est la vie que j’ai décidé de mener.
Peu importe que certains me prennent pour un fou. Peu importe que mes choix soient critiqués.
*Phoque* mon CDI. *Phoque* ma BMW. L’argent arrive toujours mais mes priorités ont changées.
J’avance en accord avec mes valeurs. Et je continuerai d’avancer.
Parce qu’il ne suffit pas de critiquer le monde pour le faire évoluer. Parce que passer à l’action, c’est le seul moyen de faire changer les choses. Et même si c’est une goutte d’eau dans l’océan, c’est quand même une goutte d’eau.
Parce que chacun est capable de redessiner sa place dans la société. Et que c’est ainsi, que un par un, on redessine la société.
Le monde change. Et il faut faire évoluer notre manière de penser.
Je ne veux pas être un esclave qui passe sa vie à trimer pour maintenir un système en train de sombrer.
Je veux apporter ma valeur au monde, ma créativité.
Je veux être libre.
Et quand je te parle de liberté professionnelle, je ne te parle pas seulement d’une situation confortable et pleine d’aventures, je te parle aussi d’un positionnement éthique pour le monde de demain.
Avoir une belle vie et être en accord avec ses valeurs.
Plutôt que d’avoir une vie creuse en captivité.
Lever la tête, ouvrir son cœur et poser un regard neuf sur la société.
On ne peut pas prendre la responsabilité de tous les malheurs du monde, mais on peut agir sur sa propre existence. Assumer son humanité et ne pas se contenter d’acquiescer.
On peut vivre libre. Se lever chaque jour pour offrir au monde ce qui nous plaît et être remerciés en retour.
Je ne vais pas te dire que c’est une idée largement accepté. La plupart des gens se contente de chercher un emploi et évite d’y penser.
Mais c’est faisable.
Et ça rend le travail plus sensé.
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Salut Damien,
cela fait quelques semaines que je lis ton blog et je profite de cet article pour poster mon premier commentaire.
J’apprécie le ton que tu as, l’authenticité qui ressort dans ton écriture qui ne ressemble pas à ce qu’on peut lire sur de nombreux autres blogs plus aseptisés.
Tout ça pour dire que ton article me parle beaucoup, je vis en France et avec ce qu’on nous promet (travailler plus, plus longtemps, cotiser plus pour une retraite qu’on n’aura jamais) ça donne pas envie, d’autant moins lorsque l’on ne se sent pas bien dans son travail. Je vois partout autour de moi les gens désabusés, atterrés de plus en plus de l’attitude de leurs collègues et supérieurs, avec un traitement des personnes qui est loin d’être dans le respect de l’autre, d’où des pétages (physique, psychique, ou les deux).
De plus en plus de gens je croient aspirent à plus de liberté, à se recentrer sur leurs valeurs et se sentent comme emprisonnés, la peur du lendemain, du manque (comment payer ces foutues factures?!), etc.
« À mon avis, le principe du travail dans la société est plutôt bon. Le principe de l’argent est plutôt bon. Ce sont les dérives qui font tout déconner. »
Tout à fait d’accord ! On est tous différents et on a tous quelque chose de différent à apporter au monde. Je crois sincèrement que la majorité des personnes se sentirait mieux, vivrait mieux, et qu’il y aurait beaucoup moins de chômage si chacun pouvait faire ce pour quoi il est fait, mettre en pratique ses valeurs, ce qu’il aime, ce dans quoi il est bon. C’est loin d’être le cas actuellement, du moins, pour beaucoup de gens, gros gâchis de potentiels, de vies…
Je te souhaite une belle réussite avec ton programme:)
@+
Salut Marine !
Merci pour tes compliments qui me font bien plaisir 🙂
Merci aussi pour ta vision des choses, ta perception et ton témoignage ! « Je crois sincèrement que la majorité des personnes se sentirait mieux, vivrait mieux, et qu’il y aurait beaucoup moins de chômage si chacun pouvait faire ce pour quoi il est fait, mettre en pratique ses valeurs, ce qu’il aime, ce dans quoi il est bon. » Excellent ^^
Et merci pour tes encouragements !!
Content de faire ta cyber-connaissance 😉
À très vite
Salut Damien,
Bel article, je n’ai pas pu m’empêcher de m’y reconnaître: le désir de liberté, l’envie d’apporter aux autres… et le fait que j’achèverai mes études de game art à 23 ans (même si après réflexion, je souhaiterai aussi vivre d’autre chose).
C’est parfois triste de voir l’impact que peut avoir le monde du travail actuel sur notre vie -notre seule et unique vie bon sang- alors j’espère sincèrement que ton article puisse inspirer tous celles et ceux qui aspirent à changer.
En tout cas cette lecture m’a fait du bien ^^
Bonne continuation 🙂
Salut Diane 🙂
Merci pour ton commentaire ! C’est super que ça résonne en toi, au moins on sait qu’on est plusieurs à penser comme ça :p
Merci aussi pour tes encouragements !
À bientôt
Salut,
Je suis complètement d’accord avec toi, le capitalisme est une prison. Le problème c’est qu’on est coincé dedans, même si on ne cherche pas la « réussite matériel », on est obligé de travailler pour manger et se loger. Donc le mieux qu’on puisse avoir c’est une semi-liberté.
Personnellement je supporte très mal le travail, les gens sont très dur, le problème c’est que je ne suis pas intéressée par l’argent, donc pour moi ça n’a pas de sens tout ça. Travailler pour consommer? C’est ça notre vie? Détruire la planète et l’humanité des gens pour satisfaire notre cupidité?
Quand je travail je fait des crises d’angoisses. Depuis quelques mois je suis au chômage et les choses vont beaucoup mieux, j’ai tout simplement moins de pensées suicidaire lol.
J’adhère complètement au minimalisme, moins de choses = plus de liberté.
Dommage qu’on ne soit pas assez nombreux pour renverser l’ordre actuelle de la société. Peut-être attendons-nous de couper le dernier arbre sur terre pour réagir.
🙂
Merci pour ton message Nina !
Je comprends carrément ton concept de « semi-liberté ». Et je suis à fond d’accord avec ça. En attendant, autant avoir le max de liberté possible dans l’espace que nous laisse la grosse machine :p
Go renverser le monde, une personne à la fois : produire de la valeur sans attendre qu’on nous mette dans une petite boîte pour faire une tâche d’automate ! Ok, j’extrapole ^^ Mais ton message est plein d’énergie révolutionnaire et ça fait plaisir 😉
À très vite amiga !
Être le changement que l’on veut voir dans le monde.
Exactement !